J’ai longtemps habité sur les quais de Pornic
où des soleils marins déteignaient sur les vieux,
où de vaillants bateaux mouillaient en atlantique
où les filles du port recevaient les messieurs.
Les flux et les reflux ont usé les coutumes
et même si parfois l’on croise des cirés,
les métiers ont changé, modifiant les costumes
dans un choix volontaire ou bien moins désiré.
Les bites d’amarrage ont changé d’habitudes,
oublié les filins qui sentaient le poisson,
elles ont maintenant bien d’autres servitudes
et il arrive qu’un string y frotte son cordon !
Et c’est tout un bonheur pour ces vieilles vaillantes
que d’humer à nouveau la merveilleuse odeur
qui leur fait renforcer leur position saillante :
sublime exhalaison ravivant leur vigueur !
J’ai longtemps habité du coté de Pornic
où des tas de marins se font vraiment très vieux,
où des bateaux usés rouillent en Atlantique,
où les bites du port font toujours des envieux !
Pierre Dupuis
Petit mot de l'auteur :
Petit clin d’oeil à Baudelaire pour le début
(lequel, soit dit en passant, est quand même mort de la syphilis !)
et à Rabelais pour le fond. Rabelais dont j’ai dû croiser l’esprit
gaillard en visitant Chinon et qui m’aurait certainement pardonné,
alexandrins boiteux et rimes en « nic et en « tique »
paradoxalement récentes !
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