Commentaire du 20/11/10 à 11:39 par Jean-François Cossé |
| FAUDRA-T-IL JETER L’ECOCENTRE A LA POUBELLE ?
Le choix du Traitement-Mécano-Biologique (T.M.B) pour traiter les déchets ménagers de la Communauté de Communes de Pornic n’a pas fini d’alléger mécaniquement le portefeuille des contribuables.
Le principe général du T.M.B consiste, à partir d’une masse de déchets mélangés, à obtenir des flux homogènes de déchets (fermentescibles, plastiques, métaux, verre etc..). On met les ordures mélangées à l’entrée et on trie ensuite pour produire du compost.
Le conseil communautaire du 27/11/2006 avait entériné à une quasi-unanimité le choix de la technologie du Tri-Mécano-Biologique (T.M.B) comme moyen de traitement des déchets ménagers de la Communauté de communes de Pornic.
Je m’étais abstenu et j’avais alerté le conseil sur le risque de produire une masse de compost au lieu de chercher à produire de l’énergie avec un petit résidu de compost .
Produire du compost ?
On le savait lors du vote, le débouché du compost était incertain pour des raisons de prix et de mauvaise qualité: J’avais posé la question lors du conseil communautaire :« Que fera-t-on si on ne le vend pas ? Des terrils ? Des pistes de ski ? »
Michel Bahuaud avait répondu à mon interpellation : « Le compost ne sera pas un déchet mais un produit de qualité, qui comblera le déficit des exploitations maraîchères du Pays de Retz en matières organiques. » Malheureusement, le Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (le CNIID) souligne que la norme en vigueur est insuffisante et précise que « les cultures comme le maraîchage exigent un compost plus fin et de meilleure qualité ». C’est vrai également pour l’agriculture Bio.
A défaut de combler le déficit en matières organiques des maraîchers, le T.M.B creusera le déficit d’exploitation de l’Ecocentre. Ce n’est pas une découverte puisque l’Allemagne, la Suisse et d’autres pays interdisent l’utilisation du compost issu des déchets ménagers en agriculture en raison de leur mauvaise qualité. Le risque de la saturation du marché du compost avait d’ailleurs été évoqué dès 2000 dans l’étude publiée par le député de Loire-Atlantique, Serge Poignant.
Dans l’attente du résultat d’une prochaine évaluation, l’ADEME, très critique sur le choix de produire du compost, dont l’objectif est le « retour au sol », à partir des déchets ménagers a décidé de ne plus apporter de soutien systématique à l’investissement de ce type d’usine.(cf : Les avis de l’ADEME de mai 2010).
Produire de l’énergie ?
Alors que l’augmentation du coût de l’énergie est certaine, se priver de produire de l’énergie issue des déchets est une erreur. Grâce à l’auto-utilisation ou à la vente de l’énergie issue des déchets, plus le coût de l’énergie augmentera, plus le prix de revient relatif du traitement des déchets baissera au bénéfice des contribuables. Mauvais choix. Conséquence : il faut investir 650 000 € de panneaux photovoltaïques Puisque le choix a été de produire du compost, la logique aurait voulu, au moins, que l’on choisisse une technique produisant du compost ET de l’énergie plutôt que du compost seul.
Comment les responsables en sont-ils arrivés là ?
Qui réaliserait avec son propre argent un investissement de plus de 30 millions d’€ sans avoir fait le tour des problèmes techniques, sans avoir réalisé d’études de marché, sans connaître le coût d’exploitation, sans même s’être mis d’accord avec ses co-financeurs ? de l’aveu de Michel Bahuaud. Pour diverses considérations, on a voulu ignorer que le traitement des déchets est un processus industriel avec ses contraintes de prix de revient en fonction des volumes et ainsi on a limité les choix techniques. (Pour M. Boennec, parler industrie n’était pas électoral !!).
Pour tout arranger, selon le CNIID « le Tri.Mécano.Biologique va avoir un impact négatif sur les performances du tri en déresponsabilisant les citoyens ».
Le T.M.B pour produire du compost est un non sens économique et écologique. Il n’y a qu’en France que les élus considèrent le T.M.B comme une alternative, alors que ce n’est qu’une étape d’un processus industriel.
Les surcoûts qui sont soulignés ne sont rien à côté de ceux produits par le problème de fond : le choix de la technologie. Et pourtant, d’après Philippe Boennec ce choix était couvert de vertus : « Travail profond, Dialogue….Concertation ». Des mots « magiques » pour une technologie « magique » ! En réalité, on s’achemine vers un scandale majeur.
Une certitude, l’ «ECO » de «ECOCENTRE » ne sera pas synonyme d’économie.
Commentaire n° 1212 | |
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