(source photo : Le Courrier du Pays de Retz) A Préfailles, le centre de vacances tourne bien. | Auteur / Source : Le Courrier du Pays de Retz
Résumé : Patrimoine trop cher, séjours trop onéreux, réglementation inadaptée… Douze centres d’accueil ont disparu en 4 ans en Loire-Atlantique.
“La Route Bleue à Saint-Brevin, c’était la route des colos, se souvient Jean-Marie Morel, président de l’union régionale de la Jeunesse en plein air (JPA). Jusque dans les années 1980-90, il y en avait une vingtaine. Aujourd’hui, Saint-Brevin ne compte plus que deux colonies… ”
Les centres de vacances se font rares
En Loire-Atlantique, douze centres d’accueil d’enfants et de jeunes ont disparu en 4 ans. Et le tableau noir s’accentue d’année en année, même localement : “Le centre de l’Ormelette à La Plaine sur Mer est vente, le site Géorama à Saint-Mars sur Mer a été vendu, le centre des Korrigans au Pouliguen est fermé depuis janvier, à Mesquer la maison de Merquel est en vente, on espère encore sauver le centre à Piriac… “, énumère Jean-Marie Morel.
Les derniers centres de vacances sur le littoral local se comptent désormais sur les doigts de la main : Saint-Michel Chef Chef (Ligue de l’enseignement), La Turballe (Pep 44) et Préfailles (Fédération des amicales laïques de Loire-Atlantique). C’est d’ailleurs à Préfailles, au centre Les Moussaillons, que le point sur cette situation jugée inquiétante a été fait localement lundi 22 juillet, avant une tournée nationale. La désaffection et les problèmes rencontrés par les associations organisatrices de colonies peuvent s’expliquer par la question du patrimoine, particulière à la Loire-Atlantique et au Pays de Retz, avec l’exemple du bâtiment de la Fontaine aux Bretons à Pornic mis en vente depuis 6 mois (lire article ci-dessous).
21 propositions
En période de crise, le problème reste avant tout financier. Michel Ménard, député de Loire-Atlantique et porteur du rapport déposé le 10 juillet à l’Assemblée nationale concernant l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs, parle de séjours “devenus trop chers pour les classes moyennes” (400 à 600€ par enfant pour une semaine). Une augmentation “de 5% à 15%” due, entre autres, au nouveau contrat des animateurs prévoit 11 heures de repos par période de 24 heures. Un repos obligatoire qui implique des embauches supplémentaires et donc une hausse du prix des séjours. “La réglementation actuelle rend quasiment impossible la mise en place des colonies, mini-camps et séjours adaptés”, explique Anne Carayon, porte-parole de la plateforme du volontariat de l’animation.
Pour remédier à cela, le rapport propose la mise en place d’un statut d’animateur volontaire, parmi 21 propositions pour réinventer les colos : recensement du patrimoine des colonies département par département, création d’un fonds national financé par une taxe sur l’hôtellerie de luxe, plus large distribution des chèques-vacances, intervention auprès de la SNCF pour des prix plus avantageux… “On peut dire qu’il y a urgence, ajoute Michel Ménard, puisqu’aujourd’hui en France, il y a 3 millions d’enfants qui ne partent pas en vacances.”
Marion Vallée
A Pornic, les murs du centre de vacances sont à vendre
“Quatre ou cinq centres de vacances du littoral sont sur la sellette”, affirme Monique Rabin, députée PS du Pays de Retz. La proximité de la mer rend ces bâtiments intéressants pour les promoteurs. Mais pour la députée, “il faut empêcher que ce patrimoine ne tombe dans les mains de groupes privés, souvent étrangers, pour en faire des hôtels 4 étoiles.” Exemple typique : le centre de vacances à la Fontaine aux Bretons, à Pornic. “C’est un lieu au patrimoine naturel privilégié” qui date de 1890, “ancré dans l’histoire du Pays de Retz” et… en vente depuis 6 mois.
Pierrick Jaouen, président du conseil d’administration de l’Association séjours plein air (Aspa), qui gère le bâtiment et le terrain, explique : “Nous avons un bail qui s’achève fin 2014. La congrégation des frères de Saint Jean-Baptiste de la Salle, à qui appartient le bâtiment, souhaite vendre. Nous ne sommes pas prioritaires sur l’achat mais on s’est porté acquéreur.” Pour le moment, l’association n’a pas les fonds mais compte bien se battre pour les réunir : “Nous recherchons des partenaires publics ou privés et les dons sont les bienvenus.” Le président ne souhaite pas donner le prix du bâtiment, mais on imagine facilement un prix à sept chiffres vu la superficie du bâtiment et ses 22 ha de terrain, situés “en zone protégée sensible”, signale le président, ce qui lui permet de lancer une perche : “Si le conservatoire du littoral est intéressé, il peut préempter…”
“Cet un lieu magique pour les enfants qui n’ont pas l’habitude des vacances, cet endroit mérite d’être dédié à nos activités tournées vers l’environnement et la mixité sociale. Nous accueillons 2.000 enfants par an, 70% d’entre eux sont de Loire-Atlantique. On a le public, c’est viable économiquement”, assure Pierrick Jaouen. Même s’il souligne que cette vente est une suite logique pour la congrégation, le président reconnaît qu’il aimerait que les frères “abondent dans notre sens. Nous en saurons plus d’ici la fin de l’année.”
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