(source photo : Ouest-France) | Auteur / Source : Ouest-France
Résumé : Née à Paimboeuf en 1919, il ne reste plus rien, ou presque, de l'usine Kulhmann qui comptait encore plus de 700 salariés en 1970.
C'est un des volets parfois oublié du Pays de Retz. Une histoire à la fois heureuse et douloureuse. Pendant 80 ans, la commune de Paimboeuf a accueilli le plus gros pôle industriel du sud de l'estuaire, celui de l'usine Kulhmann qui comptait encore en 1970, plus de 700 salariés. Aujourd'hui, il n'en reste rien ou presque.
Ne reste qu'une friche...
Cette entreprise est née à Paimboeuf en 1919. Il y a quelques jours, l'historienne Véronique Mathot est venue raconter cette période dorée de la commune. Plusieurs anciens ouvriers étaient présents et ont enrichi la visite par leurs interventions.
Les établissements Kulhmann regroupaient en fait deux secteurs : Kulhmann avec les produits chimiques, et la Stac qui sera revendue à Ethyl en 1946. Entreprise rachetée à son tour par Octel en 1960. En 1966, Kulhmann s'allie à Ugine puis à Pechiney.
Le groupe devient Pechiney chimie Ugine Kulhmann et brade peu à peu toute la branche chimie. « Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une friche industrielle, » prévient Véronique Mathot.
Résistance industrielle
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise paimblotine va tourner au ralenti en raison du manque de matières premières mais aussi d'une résistance industrielle de la part de son directeur M. Chevry. La période de 1946 à 1950 marque le redémarrage des ateliers existants et le lancement de nouvelles productions (ammoniac, acide sulfurique et sulfate d'ammonium). La région est un pays de tradition agricole et les embauches se font surtout dans ce milieu.
En 1950, l'usine compte déjà 500 ouvriers et 16 ingénieurs. Ceci provoque une inflation des salaires et une hémorragie des ouvriers vers Kulhmann, ce qui pose des difficultés avec les entreprises locales et avec la commune.
Une empreinte sur la ville
Se pose alors un problème de logements. Les établissements Kulhmann qui ont reçu de grosses indemnités pour compenser le bombardement des usines du Nord et en particulier de celle d'Armentières vont en utiliser une partie pour réaliser la cité des Floralies. 20 maisons sont bâties le long de la route des remparts (face à Super U). L'usine facilite le principe des maisons castors en achetant des terrains, revendus aux ouvriers pour 1 franc symbolique après les avoir aménagés en voirie, eau...
Les matériaux sont achetés en gros, remboursés avec facilité. Tous les propriétaires travaillent à la construction et à la fin, on tire au sort pour savoir qui habitera où. Ainsi naît l'actuelle Rue Raymond-Berr achevée en 1954. Kulhmann achète aussi des maisons dans Paimboeuf et créer des jardins ouvriers.
En 1958, 84 familles sont logées par l'usine avec des loyers intéressants. La politique de l'entreprise, c'est d'accompagner l'ouvrier dans sa vie personnelle en dehors du travail !
Création de clubs sportifs
Pour donner une cohésion aux ouvriers, un challenge sportif, le challenge Raymond-Berr du nom de l'ancien PDG de l'entreprise Kuhlmann, est organisé chaque année. Il désigne la meilleure usine sportive du groupe. Les capacités sportives sont aussi parfois un critère d'embauche. Un stade avec piste d'athlétisme est construit, des terrains de tennis, un club de voile... On s'entraîne en interne le soir.
Âge d'or et avantages sociaux
« Comme tous les enfants de Paimboeuf, on a grandi avec l'usine sous les yeux. Il y avait ceux qui y travaillaient et ceux qui n'y travaillaient pas, presque un clivage social, » raconte Véronique Mathot.
Le car des ouvriers est utilisé pour emmener les enfants des employés de l'entreprise vers les deux écoles primaires. Le mercredi, le car permet aux familles d'aller gratuitement à Nantes. Il y a aussi les voyages et colonies de vacances, les arbres de Noël...
L'usine a son école d'apprentis qui cesse à la création du LEP Albert-Chassagne. Kulhmann, c'est un monde : derrière les ateliers de production, il y a de nombreux services internes : laboratoires, entretien, magasin général, service incendie, garage, installations portuaires pour le soufre qui arrive d'Espagne par gabarres.
Ingénieurs venus de l'extérieur
Les ingénieurs de l'usine arrivent souvent du nord ou de Paris avant la rentrée des classes. Véronique Mathot a recueilli leur témoignage : « L'impression de venir au bout du monde : ils avaient voyagé toute la journée, traversaient les marais de Vue couverts de brume avant d'arriver à la pénombre. » Ils n'étaient pas bien perçus par la population locale mais ont finalement été bien accueillis et disent « être partis avec regrets. »
Entre 1960 et 1970, pour motiver ces têtes pensantes, l'entreprise leur offre primes et logement dans des maisons redécorées à leur goût avec un jardinier commun pour l'entretien.
Fin de l'histoire
Après 1981, l'usine Kulhmann passe dans le groupe Elf Aquitaine. Beaucoup d'ateliers ferment et ne reste plus que la partie Octel (additif pour essence). Les plans sociaux se succèdent. Une partie du personnel est mutée vers Zircotube, l'actuelle usine Areva de Paimboeuf.
En décembre 1996, les dernières machines cessent de tourner. Il faudra deux ans pour démanteler le site.
Les personnes souhaitant apporter des témoignages complémentaires ou fournir des photos peuvent écrire à la rédaction Ouest-France de Saint-Nazaire.
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